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Ciné-Club des Esthètes de la Rue Truffaut
8 juillet 2016

Séance 5 - "Gunga Din" et "Indiana Jones and the Temple of Doom"

Indiana Jones and the Temple of Doom reprend, par clins d'oeils, de nombreux éléments du film Gunga Din de 1939 réalisé par George Stevens.

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Étonnamment, les deux films souffrent des mêmes défauts à 40 ans d'écart : même problème de rythme, mêmes tentatives d'humour ratées, même misogynie, même racisme latent.

Comme l'écrit Léo Soesanto dans le Hors-série Spielberg des Inrocks de 2012, cet Indiana Jones est le "vilain petit canard de la série (jusqu'au Royaume du crâne de cristal) mal aimé par les fans et Spielberg en personne, qui le trouve plutôt impersonnel. (...) L'humeur y vire vite au dark - George Lucas, coproducteur et cocréateur du personnage, voulait une suite sombre, à l'image de L'empire contre-attaque pour Star Wars. (...) Le serial jubilatoire y est souvent au stade anal - Indy et Cie se prennent toujours des bestioles grouillantes et/ou visqueuses en plein visage ou dans leur assiette (scène idiote du déjeuner) ; on y arrache des coeurs...

Là où les Indiana Jones reposent sur l'excursion globe-trotter, Le temple maudit se fait immobile, claustrophobe, en installant l'essentiel de l'action dans un palais de maharajah gigogne. (...)

Dans ces lieux, l'enfance est martyrisée plus graphiquement que dans la moyenne de l'oeuvre d'alors de Spielberg, qui préférait montrer son côté obscur et sale gosse via les cinéastes qu'il produisait (dans Poltergeist de Tobe Hooper, Gremlins de Joe Dante). (...)

Même Indy y est un temps sous l'emprise d'un maléfice et se met à violenter ses partenaires. Il faudra un peu de temps à Spielberg pour assumer plus franchement cet entertainment programmé en territoire rassurant, mais qui vire à l'effroi, à travers son Jurassic Park déréglé ou le Coney Island dévasté de A.I."

Il est à noter que cet opus 2 de la saga est également sous influence du diptyque de Fritz Lang Le tigre du Bengale et Le tombeau Hindou. Le Temple maudit trempe parfois dans l'expressionnisme, surtout dans la (longue) partie centrale du film, avec ce mal qui se transmet, même chez Indiana lui-même, et ses images démentes d'enfer, lave hypnotique vers laquelle les victimes sont projetées. L'importance du monde souterrain rappelle Fritz Lang, par exemple la cave de Moonfleet, la grotte de Man Hunt, le monde d'en bas de Metropolis et ses esclaves (ici des enfants). La figure du gourou et de l'hypnose rappelle Mabuse. Les chauves-souris géantes annoncent également l'arrivée dans le Temple du Mal, comme un château de Nosferatu...

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En même temps, Le Temple Maudit tente d'être une screwball comedy, comédie de remariage façon Hollywood classique, Indiana se retrouvant avec une femme et un enfant d'adoptions sur le dos. Mais cette fois, la recette à base d'emprunts au cinéma classique, ne prend pas.

Pour Jacques Lourcelles, qui étonnement préfère cet opus au premier volet L'arche perdu, toutefois : "la plupart des idées spectaculaires sont volées à l'ancien serial américain, quand elles ne sont pas empruntées au film d'aventures exotiques et au film pour enfants, tels qu'on les pratiquait autrefois à Hollywood. (...) Un humour plus moderne vise à rendre le spectateur complice des péripéties hautement fantaisistes qui se déroulent devant ses yeux. C'est le fameux "second degré" caractéristique aujourd'hui des films les plus primaires, et dont on notera qu'il devient presque inévitable, en tant que conséquence du rythme ultra-accéléré et complètement irréaliste imposé à l'action.

Autre conséquence de ce rythme : la quasi totale passivité des personnages. Leur seule raison d'être consistant à échapper à mille et une morts pendant la durée du film, où trouveraient-ils le temps d'accomplir quoi que ce soit d'autre, et, par exemple, d'acquérir ce minimum de relief individuel sans quoi un personnage de fiction n'est plus tout à fait humain ? Plus encore que dans ses autres films, Spielberg utilise ici son principal défaut - une impuissance peu commune à faire vivre des personnages - comme l'une des conditions sine qua non de la réussite finale de la mécanique qu'est devenu le film. Ce faisant, il gomme tout l'aspect "auteur", présent dans une bonne partie - la plus précieuse - de ces oeuvres de l'ancien Hollywood auquel il ne cesse de se référer.

Mais, au cours des années 80, le gouffre ira s'agrandissant entre une infime minorité de superproductions, méticuleuses et dépersonnalisées, et une prolifération de films dits "d'auteur", de plus en plus inaboutis et confidentiels".(Il faudra minorer ce jugement sans appel de Lourcelles pour qui peu de cinéastes modernes trouvent grâce à ses yeux.)

Nicolas le 08/07/2016

Merci à Vivien et Alexander !

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