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Ciné-Club des Esthètes de la Rue Truffaut
23 août 2016

Séance 9 - "Godzilla"

Comme War of the World, Godzilla, que nous avons visionné ce même jour, utilise la menace de l’attaque du monstre géant (le dinosaure, les tripodes) comme métaphore politique et écologique. Les deux films répercutent un traumatisme national : Hiroshima et le 11 septembre. Il montrent tous deux la prétention des humains, leur folie de se croire supérieurs sur le reste du monde.

Le film de Ishiro Honda de 1954 n’a pas la même tonalité divertissante et aventurière que King Kong, dont il hérite sur d’autres points. Godzilla ne met pas l’accent sur des scènes d’action périlleuses, mais sur les dialogues des personnages, hésitant quant à la meilleure démarche à suivre face à la catastrophe. Les apparitions du dinosaure Godzilla sont assez brèves, et laissent les humains les bras ballants. Le monstre existe surtout pour nous renvoyer un miroir de notre propre monstruosité. Ce sont nos essais nucléaires qui ont réveillés la bête, restée tapie dans l’océan des millénaires. Et ce sont nos essais nucléaires qui en ont fait une bête surpuissante, dotée de la capacité de lancer des flammes par la bouche !

War of the World est bien un film de l’image-action (concept de Gilles Deleuze), où un héros se détache de la communauté par ses actions, mais qui contient des touches d’onirisme et de métaphore à travers le trajet de ce personnage. Godzilla, plus encore que le film de Spielberg, n’est pas tout à fait un film de l’image-action, aussi classique qu’un King Kong, par exemple. Godzilla hésite entre ce classicisme et l’expressionnisme. En effet, le film s’ouvre par de nombreuses séquences nocturnes. Le noir et blanc du film est régulièrement très contrasté. Le film ose également plusieurs ralentis, qui le rendent moins réaliste, et plus poétique. Par ses nombreuses (majoritaires) scènes de dialogues, le film questionne le Bien et le Mal en permanence. Questionnement dont l’aboutissement est le sacrifice du scientifique, décidant d’asphyxier Godzilla en s’asphyxiant lui-même, remettant d’égal à égal le Mal (la créature) et ceux qui l’ont créé (les humains).

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Finalement, Godzilla appartient moins à la tradition des films de monstres classiques hollywoodiens qu’à celle des monstres expressionnistes, et notamment ceux de F.W. Murnau : le vampire de Nosferatu, le diable de Faust. Quand Godzilla, Mal créé par l’Homme lui-même, surplombe la ville en flammes, les journalistes qui le filment répètent sans cesse : « c’est une mer de feu ! ». Le monstre, géant au-dessus de la ville, rappelle l’image du diable amenant la peste sur le village dans le Faust de Murnau.

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Enfin, deux images religieuses jalonnent le film, et viennent appuyer sa thématique d’opposition du bien et du mal :

L’une des premières victimes, annonçant l’arrivée de Godzilla, en position christique

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Une infirmière en posture de vierge à l’enfant

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Nicolas le 23/08/2016, merci à Pauline et Gianlorenzo !

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