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Ciné-Club des Esthètes de la Rue Truffaut
2 octobre 2016

Séance 12 - "Les 7 Mercenaires"

Petit historique du Western

Pour la première période, nous nous basons sur le chapitre consacré au Western dans Qu'est-ce que le cinéma ? de André Bazin. A partir du western spaghetti, jusqu'à nos jours, nous nous basons de l'article du Ciné-club de Caen sur l'historique du genre.

1903 - 1927 : westerns muets 

Une première période, muette, commence avec l'apparition du cinématographe. Le vol du grand rapide, de 1903, est déjà un western.

Les premiers westerns muets sont ceux de Cecil B. DeMille, John Ford, Raoul Walsh. Cette première période s'éteint avec l'arrivée du parlant en 1927.

1939 - 1952 : l'apogée 

En 1939, John Ford redonne vie au western grâce à Stagecoach, film pour lequel il ne bénéficie pas d'un grand budget, les producteurs ne croyant plus guère au succès des westerns. Le film offre à John Wayne sa notoriété, et au western son heure de gloire.

André Bazin distingue un premier clacissisme, situé en 1939-1940, incluant notamment les films de John Ford (Stagecoach et Sur la piste des Mohawks, en couleur), Henry King (Jesse James premier western en couleur en 1939), King Vidor (Le grand passage), Michael Curtiz (La piste de Santa Fe, La caravane héroïque), Fritz Lang (Le retour de Frank James, Western Union), George Marshall (Destry rides again).

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Stagecoach, 1939, John Ford

La Seconde Guerre Mondiale apporte ses modifications, mais toujours au sein d'une période d'apogée du genre. Bazin y décèle :

- Une réhabilitation des Indiens : Fort Apache de John Ford (et les personnages "blancs", militaires, y sont aussi plus négatifs), Bronco Apache de Robert Aldrich, et La Flèche Brisée de Delmer Daves
- Des thèmes sociaux se substituent aux thèmes traditionnels : Ox-Bow Incident de William Wellman, qui questionne la justice de l’ouest
- Un érotisme nouveau, comme Outlaw de Howard Hugues
- Un enjolivement baroque de la mise en scène, par exemple chez Ford : des westerns plus ambigus et plus sombres, My Darling clementine, Fort apache, She wore a yellow ribbon, The searchers
Autre grand cinéaste classique, Howard Hawks réalise des westerns humanistes, à la mise en scène sobre, portant toute son attention au développement de ses personnages, tourmentés ou faibles : The Red River en 1948, The Big Sky en 1952, et bien sûr le célèbre Rio Bravo en 1959 (dont il tournera des variations en 1967 et 1970, El Dorado et Rio Lobo). 

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La flèche brisée, 1950, Delmer Daves

1952 - 1964 : Les sur-westerns

Puis, c'est la période des "sur-westerns", dont Le Train sifflera trois fois est le premier jâlon, en 1952. Un western désabusé, et métaphorique du maccarthysme en cours.

Bazin décrit ainsi le surwestern : "Un western qui aurait honte de n'être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire d'ordre esthétique, sociologique, moral, psychologique, érotique."

Anthony Mann, Arthur Penn, s'inscrivent dans cette même démarche de sur-westerns plus sombres. Même John Ford réalisera son western "crépusculaire" L'homme qui tua Liberty Valance en 1962.

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Le train sifflera trois fois, 1952, Fred Zinnemann

1964 - 1970 : Westerns italiens

Les mythes sont remis en cause, par une ironie mordante, chez Sergio Leone, qui créé un nouveau genre, le western spaghetti, à partir de son remake des 7 Samouraïs de Kurosawa avec Pour une poignée de dollars en 1964. S'ensuit une déferlante de westerns italiens, et, pour Sergio Leone, deux suites à sa trilogie du dollar Pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand, puis deux visions plus sérieuses de l'Ouest, Il était une fois dans l'Ouest et Il était une fois la révolution.

El Chuncho de Damiano Damiani, lance quant à lui, dès sa sortie en 1966, le western zapata, deuxième sous-genre du western italien : des westerns politiques qui prennent place dans la révolution mexicaine.

On l'appelle Trinita, de Enzo Barboni, énorme succès à sa sortie en 1970, lance la mode du western "fayot", dernier sous-genre du western italien : l’humour ironique du western spaghetti est devenu un humour burlesque, gras.

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Le bon, la brute et le truand, 1966, Sergio Leone

1970 - ? : Westerns contemporains

Le western politique italien assure le passage de témoins vers un renouveau américain du genre : La Horde sauvage de Sam Peckinpah, en 1969, John MacCabe de Robert Altman en 1971, Little Big Man d'Arthur Penn en 1973... Un nouveau regain d’intérêt existe pour le western, grâce à un regard moderne posé sur l'histoire du Far West, un regard qui correspond aux préoccupations des années 70. Cet intérêt retombe, pour le public et les studios, à partir de l’échec de Heaven's Gate de Michael Cimino en 1980.

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La horde sauvage, 1969, Sam Peckinpah

Le retour du western a lieu en 1990, grâce à Kevin Costner et son film Danse avec les loups, western écolo, et, en 1992, celui de Clint Eastwood, Impitoyable. 

Depuis, le genre du western réapparaît régulièrement sur nos écrans, pour des propositions plus ou moins originales, plus ou moins réussis, de cinéastes différents. Les plus notables étant probablement en 1995 Dead Man de Jim Jarmusch, western poétique, True Grit des frères Coen en 2010, et les deux derniers films de Tarantino Django Unchained et Les 12 salopards, en 2012 et 2015.

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Django Unchained, 2012, Quentin Tarantino

John Sturges, Les 7 Mercenaires

John Sturges commence à réaliser en 1946. Son premier succès, Fort Bravo, en 1953, appartient à ce qui deviendra son genre de prédilection, le western. Premiers films en 1946. L'année suivante, autre succès, Un homme est passé. Autres films notables de sa carrière, deux westerns, Règlements de compte à O.K. Corral en 1957 avec Kirk Douglas et Burt Lancaster (remake de My Darling Clementine de John Ford), et Dernier train pour Gun Hill, là encore avec Kirk Douglas.

Les 7 Mercenaires, sorti en 1960, reste probablement son film le plus mémorable, avec La grande évasion, sorti en 1963, également avec Steve McQueen.

John Sturges est un cinéaste classique, mais Les 7 mercenaires propose une nouveauté qui influencera les cinéastes modernes à venir : un casting partiellement composé de 

John Sturges est donc un “jeune” réalisateur classique, qui réalise ses premiers westerns dans les années 50, décennie durant laquelle le genre est en mutation. Néanmoins, Les 7 mercenaires ne s'inscrit pas dans la mode d'alors, celle des sur-westerns, noirs. Les 7 mercenaires préserve le classicisme du western, à travers une aventure divertissante, et la modernise simplement par de nouveaux visages. Dans ces nouveaux visages, Steve McQueen et Yul Brynner, mais aussi James Coburn, Eli Wallach, Charles Bronson, trois acteurs qui seront plus tard associés aux westerns les plus modernes - et violents - de Sergio Leone et Sam Peckinpah. Ce casting de « gueules » cassées, gueules sales et caricaturales, renouvelle le western (on est loin des John Wayne, Henry Fonda...) et inspirera probablement ces futurs cinéastes de westerns, des années 60-70.

Autre marque de son époque, le film s'ouvre sur un questionnement du raciste dans l'Ouest : notre premier Mercenaire se retrouve au coeur d'un premier affrontement, contre des villageois refusant d'enterrer un Noir dans leur cimetière. 

Source: Externe

Le film est un remake des 7 Samouraïs d'Akira Kurosawa, tout comme Pour une poignée de dollars de Sergio Leone sera un remake de Yojimbo du même Kurosawa. Mais en réalisant son adaptation, John Sturges amenuise le film original. Il en soustrait 1h30, transformant un film d'aventure au questionnement métaphysique en un film d'aventure... tout court ! L'exploration des personnages du film de Kurosawa se retrouve souvent résumé en une phrase dans le film de Sturges, au profit de l'action. Chez Kurosawa, l'action n'est que la conclusion d'un long questionnement de la situation (observation du village, apprentissage des samouraïs...). Chez Sturges, ce questionnement est un arrière-plan discret à l'action, qui prime. Néanmoins, Kurosawa fut satisfait du résultat, et offrit d'ailleurs un sabre japonais à John Sturges.

Nicolas le 5/10/2017, merci à Pauline et Marc 

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